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Le galop du temps

Je traverse le temps sur un cheval au galop. Je souhaite juste que l’animal ne s’essouffle pas trop vite et me laisse vieilir. Vieillir est encore ce que l’on a trouvé de mieux pour ne pas mourir. Ah, ces longues promenades sur mon petit cheval blanc, mon Romanov chéri, fidèle compagnon de mes 16 à mes 44 ans ! Il m’a accompagnée toutes ces années et nous avons partagé de vibrantes cavalcades dans les forêts de Normandie puis des monts du lyonnais. 

Mais je digresse. Ce matin, ou plutôt cette nuit, réfugiée dans la salle de bain pour vivre mon insomnie sans déranger mon chéri, assise inconfortablement sur le bord de la baignoire, alors que la pluie redouble, voilà que je me rends compte que nous sommes le 9 février, et je me souviens.  

En 2015, je subissais ma quatrième intervention chirurgicale, opérée pour la deuxième fois du foie, par le spécialiste de cet organe à Lyon. Il s’agissait d’aller m’en délester d’un morceau sur lequel quelques métastases s’étaient  développées. Le cancer avait positionné  ses troupes.

Auparavant,  en février 2013, j’avais déjà été opérée du côlon,  mon cancer primaire qui m’avait été annoncé quelques jours plus tôt, d’abord pour installer une poche suite à une occlusion,  puis pour aller chercher un gros polype. Enfin, en décembre de la même année, pour ôter une partie de foie déjà  métastasé.

Voilà ce que j’écrivais le lendemain de mon opération dans mon journal de bord :

 

Mardi 10 février 2015

Hier, l’intervention en elle-même s’est bien passée. Pas besoin pour le chirurgien de tracer le signe Mercedes sur mon ventre : il n’a eu qu’à rouvrir sur ma cicatrice. Je me lève avec l’impression désagréable d’être coincée dans ma ceinture abdominale, très comprimée. Je suis très essoufflée, ce qui engage les médecins à me faire passer un scanner pour conforter ou pas l’hypothèse d’une embolie pulmonaire. Finalement, on découvre que mon estomac est tout plein. Il ne fonctionne plus normalement, car il a été très (trop ?) comprimé par ce qu’ils appellent «la cure d’éventration» : disons qu’ils ont du faire un peu le ménage, et pour laisser la place nette, ont posé une sorte de filet de maintien.

 

Il est près de 5 heures, je vais faire une tentative pour retrouver le sommeil auprès de celui qui est mon fidèle compagnon de vie, qui me soutient  chaque jour avec amour. J’ai cette chance magnifique. Et jusqu'ici,  tout va bien.

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