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Journée de la Terre

Hier, j’ai eu ma sixième chimio depuis mon hospitalisation en février et l’échec de l’essai clinique à peine commencé. C’était la 124ème chimio que mon corps reçoit ; pourvu qu’il tienne encore le coup. J’ai eu droit à une injection d’EPO ce matin pour booster les globules rouges.

Depuis deux mois, j’ai arrêté de travailler. Je me suis dit qu’il était temps de profiter de quelques « vacances » et finalement, ça passe à toute allure. Du sursis, du bonus ? Je profite de ma famille, mon quotidien me plaît, j’ai une qualité de vie très correcte, je peux continuer à faire quelques sorties sportives et culturelles, des loisirs. Tout irait bien dans ma vie si je n’allais pas mourir demain ! J’ai de quoi être heureuse et ne pas me plaindre.

Vu de février, le week-end de Pâques projeté en famille me semblait très loin, et pourtant, j’y suis arrivée. Je vivais en sursis. Ces jours-ci, je me prends à considérer à nouveau que c’est du bonus. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Ça ne donne pas la même coloration à ma façon d’entrevoir le temps qui reste. J’ai peur de me laisser prendre au jeu d’espérer que le sursis se transforme en bonus. Alors qu’un jour, soudainement, mon corps va se rappeler à mon bon souvenir. Pourtant, chaque jour, je me réveille en pensant que c’est un nouveau jour de chance, un jour de plus à vivre, un jour à ne pas gâcher, autant que possible. Chaque soir, j’essaie de trouver le sommeil en revivant des petits bonheurs de la journée. Parfois, c’est une rencontre, d'autres fois des retrouvailles qui m’ont donné le plein d’émotions et de joie. Souvent, ce ne sont « que » des petites joies remarquables du quotidien, mais qui ont toute leur place sur mon chemin. De petites bulles de bonheur, des sourires de la vie à la vie.

 

Bonus ? Sursis ? Je vis l’instant présent. Je me surprends souvent par ma sérénité. Je ne pleure pas sur mon sort, je ne pleure pas au sens propre. Je vais bientôt entrer dans la période de stress avec le bilan qui s’approche, dans moins d’un mois. J’espère trouver encore la joie sur mon chemin et surtout la force d’encaisser les nouvelles, quelles qu’elles soient, sans sombrer dans le gris et les larmes. J’essaie de ne pas ajouter de la peine à la peine autour de moi. Vu d’avril, je vise l’été, bien sûr ! Et son lot de jours ensoleillés, de baignades, peut-être de récoltes des tomates et de courgettes que je viens de planter. Mon jardin m’a fait la joie de découvrir sous les mauvaises herbes des fraisiers en fleurs et un beau plan de persil qui ont repris vie depuis l’année dernière. La contemplation de la nature. Notre Terre, dont c’est la journée mondiale ce jour. Pensons à la préserver. Sursis ? Bonus ?

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