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Espoir des portes qui s'ouvrent

Suite à mon rendez-vous hier au centre Léon Bérard de Lyon, je serais a priori éligible à un essai thérapeutique. J’ai terminé trois cycles de Lonsurf, je vais faire le bilan le 7 juillet par un petscan, et j’ai rendez-vous avez mon oncologue le lendemain. Selon l’efficacité du produit, on continue ou on se dirige vers cet essai.

Ça me donne de l’espoir, parce que ce sont encore des possibilités de traitement, quelques portes qui s’ouvrent. Nous n’avons aucune garantie du résultat ; j’en suis bien consciente. J’y vais sans hésiter : je n’ai rien à perdre, je peux au contraire gagner du temps, c’est tout de même ce qui est le plus précieux, avancer, souffler des bougies d’anniversaire, décorer des sapins de Noël, et peut-être de nombreuses fois, allez savoir ?

Et que cela fonctionne ou pas, nous avons tous besoin de ces essais pour aider les chercheurs à trouver des remèdes vraiment efficaces, à écarter les fausses pistes. J’ai entendu ce matin à la radio que le vaccin Pfizer contribuait aux progrès d’un éventuel vaccin par ARN messager contre certains cancers. Les malades du cancer sont très nombreux, mes enfants seront peut-être touchés un jour, et au-delà, des amis, des connaissances, et tout un tas de personnes qui ne représentent rien pour moi, mais qui sont des enfants, des épouses, des maris.

Le docteur dont j’ai fait la connaissance hier m’a dit qu’au vu de mon parcours, des atteintes que j’ai subies, de nombreuses opérations (6) et chimios (115) depuis plus de huit ans, je ne devrais plus être là. Cela confirme les propos de mon oncologue qui me dit que je défie toutes les statistiques. Je crois à la force de vie, au mental, à l’autopersuasion : ce n’est pas quantifiable, évidemment que ce sont les produits qui me « soignent », qui me maintiennent, qui m’ont permis d’arriver jusqu’ici. Mais depuis le début, passée la sidération, j’ai choisi l’optimisme, chercher le meilleur de chaque jour, faire en sorte que ma vie « vaille le coup », pour moi et pour « mes chers et tendres » qui m’accompagnent. Je n’ai pas envie de saut en parachute ni de grands voyages, ce n’est pas mon caractère, j’ai juste envie de me souvenir des belles choses du quotidien, de ces moments que j’ai appris à apprécier « grâce » au cancer. Nous nous faisons des souvenirs ensemble, pour après.

J’ai changé. Les épreuves nous forgent, nous enseignent. Ma vie est bien plus riche, d’une certaine façon. J’ai un caractère très affirmé, mais je suis devenue une meilleure version de moi-même, plus à l’écoute, plus sensible, peut-être même hypersensible. Je me connais mieux. J’ai aussi la chance d’avoir un très bon confort de vie, je ne me sens pas malade. Et je ne suis pas seule. Aujourd’hui, une personne qui me croise sans me connaître ne devinera pas mon parcours. J’ai cette chance véritable de vivre normalement. J’ai conscience que cela peut changer rapidement, c’est aussi pour cela que je dois suivre cette expérience qui s’offre à moi pendant que je suis en « bon état général », et ne pas rater le coche.

Bien sûr, comme tout le monde, je voudrais guérir. Ça n’arrivera pas. Souvent, je me dis que le cancer m’a donné une leçon, une belle leçon de vie, de philosophie. Parfois, je me plains à moi-même, me disant que ça y est, j’ai compris la leçon et que je veux que ça s’arrête. Mais je suis lucide, alors je me reprends.

 

 Je ne veux pas me plaindre. Je veux être heureuse, avec et pour mes « chers et tendres ». Je ne veux pas abîmer le temps qui reste. 

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