Je m'appelle Janick Lespect. J'ai 52 ans.
Il y a quelques années, le cancer est entré dans ma vie. Juste le mot. Par mon père. Pour mon père.
En punition de quoi ? De soixante ans de nicotine ? Alors finalement, il y avait quelque chose de l’ordre du « Tu l’as bien cherché ! »
Et avec lui, quelques mots au contour bien vague : chimiothérapie, analyse sanguine, diffuseur…, une litanie qui revenait sans prendre véritablement de sens à mes yeux. Surtout que je le vivais à distance, lui en Normandie, soigné à Rouen, moi ici.
Tout à coup, voilà que ce fut mon tour. Tout à coup, le mot prit chair. Et je pris cher. Il était prononcé pour moi. À quarante-deux ans, alors que j’avais à peine plus de la moitié des années de mon père : « Madame, oui, vous avez un cancer ». Le mot prenait corps et chair. J’ai encore du mal à réaliser cela : « Oui, vous êtes trop jeune pour faire un dépistage » et pourtant…
Depuis fin 2012, je tiens un journal dans lequel j'écris pour exprimer ce que je ressens depuis les premiers symptômes : l'angoisse, la crainte de la maladie, l'annonce du cancer, les soins.
Mon objectif était de laisser une trace à destination de ceux que j'aime et qui m'aiment. Le temps a passé et plusieurs fois, notamment au moment des vacances d'été, j'ai entrepris de relire mes écrits, de les mettre en page, avec l'idée, pourquoi pas, de partager au-delà du cercle familial.
Est-ce parce que 2020 commençait d'une étrange façon ? Est-ce l'approche de la cinquantaine ? Cet été, j'ai confié mes mots à une amie bienveillante qui m'a encouragée à partager : je vous livre le résultat. Je vous propose de découvrir le cours qu'a pris ma vie, et par voie de conséquence, celle de mes proches, depuis bientôt huit ans.
Si mes petites histoires ordinaires de patiente ordinaire trouvent écho auprès de personnes elles aussi touchées par un cancer, et pourquoi pas, les encouragent à poursuivre plus sereinement leur chemin de vie, j’en serais satisfaite. Carpe diem.
Je vous invite à découvrir mon livre dont voici la couverture.
Voilà, aujourd'hui 22 septembre 2020, jour de l’automne, les feuilles volent, les livres sont arrivés, et déjà les premières commandes.
Merci de l'intérêt que vous portez ou porterez peut-être à mon expérience de patiente.
Merci à la librairie Lulu de Mornant pour son accueil chaleureux !
C'est quand même une sensation étrange de voir son livre dans un rayon de librairie et entouré d'auteurs connus !
Vous pouvez visionner une petite vidéo en lien avec OCTOBRE ROSE 2020 en cliquant sur le lien suivant :
https://www.youtube.com/watch?v=cy9Qy6CZ8fw&feature=youtu.be
Vous pouvez aussi trouver mon roman pour enfants
à la page Boutique.
Partager avec vous des images et des émotions de mon univers
Je vais devoir vous laisser.
Le cancer a décidé de prendre ses aises et m'entraîne jour après jour vers la fin du chemin.
Après 129 chimios et de nombreuses chirurgies, le couperet est tombé la semaine dernière : on arrête, ce n'est plus efficace.
J'ai connu près de dix ans d'espoir, de vie confortable, malgré la maladie. Quand je repense à tous ces jours en plus, c'est énorme.
Il y a dix ans apparaissaient mes premiers symptômes. Et quelques semaines plus tard, quand, répondant à mes craintes, un médecin m'a dit : "Oui, Madame, vous avez un cancer", tout était allé très vite dans mon esprit. À 42 ans, j'allais laisser mes trois garçons de 15, 13 et 10 ans, et leur papa, alors qu'évidemment, ils avaient encore besoin de moi.
Fin 2012, je ne savais pas que j'allais tenir debout si longtemps, continuer à travailler et à élever mes enfants et à accompagner mon mari. À rire, courir, pleurer, parler, et voir, et croire, et boire, danser, crier, manger, nager, bondir, désobéir ! J'ai pas fini, j'ai pas fini, voler, chanter, partir repartir, souffrir, aimer ! Je l'aime tant le temps qui reste.
Si on m'avait raconté que j'allais connaître des personnes formidables, des docteurs, des soignants, des aidants... et même des amis "virtuels" dont certains ont pris corps et chair. De belles rencontres. Je remercie les personnes qui m'ont adressé un mot, un sourire, un geste bienveillant. Et je remercie même les autres, celles qui ont détourné le regard, peut-être guidées par l'appréhension de devoir trouver les mots, ou simplement ne voulant pas côtoyer la maladie. Comme elles se sont trompées elles-mêmes: je ne suis pas triste, je ne l'ai jamais été !
Parfois, même souvent, on loue mon courage : je l'ai déjà dit, je ne suis pas courageuse, je n'ai simplement jamais eu le choix que de rester en ordre de marche pour avancer et passer les étapes de la maladie. J'ai toujours été accompagnée, entourée, épaulée. Ce sont les malades seuls qui sont courageux.
Durant toutes ces années, j'ai tenté de poursuivre ma route dans la joie, pour montrer la voie à mes enfants, leur expliquant de ne pas accorder d'importance aux petites tracasseries du quotidien, mais au contraire leur intimant de ne jamais quitter l'essentiel des yeux : l'amour et la bienveillance.
L'avantage de savoir que je vais mourir disons "bientôt", c'est que j'ai conscience de l'importance de dire je t'aime à ceux que j'aime !
Il va falloir me laisser partir et poursuivre chacun son chemin. Je fais confiance à mon équipe de garçons pour évoquer un petit souvenir de temps en temps, se rappeler comme j'étais pénible de ceci, comme je pouvais être agaçante de cela. Mais toujours avec tendresse.
❤
Ce site a été conçu avec Jimdo. Inscrivez-vous gratuitement sur https://fr.jimdo.com